Histoire de Falvy
D'après "L'histoire de l'arrondissement de Péronne" l'abbé Paul Decagny
L'église
L'église, placée sous le patronage de Sainte Benoîte d’Origny, avait autrefois des dimensions en rapport avec une population plus importante. Les parties conservées de l’édifice primitif, comme le clocher, la nef et le portail de la Tudor, etc… attestent d'une construction de la belle époque romane. La richesse de l’architecture témoigne de la foi des anciens seigneurs. Le sanctuaire, sans doute remanié, comme la magnifique chapelle du midi, offre des caractères de style ogival flamboyant.
A défaut des écussons supprimés dans les pendentifs des élégantes voûtes de l’intérieur, on retrouve, au dehors, parmi les riches sculptures conservées des contreforts, le lion héraldique de la maison de Vendôme, propriétaire de la seigneurie du lieu aux XV et XVIièmes siècles (dont Henri IV a hérité).
Cette Eglise, on le voit, se distinguait autant par l’élégance de son architecture que par la richesse de ses ornementations. Mais, comme tant d’autres, elle a été victime du vandalisme des révolutionnaires qui l’ont dépouillée de ses ornements et en ont brisé l’harmonie par la destruction des bas-côtés.
Les Seigneurs
Le domaine de Falvy, qui appartint ensuite à Henri IV, héritier de la maison de Vendôme, paraît avoir primitivement une dépendance des palais mérovingiens d’Athies. Comme ce dernier, il entra plus tard dans la composition du comté du Vermandois, dont il fut démembré vers le IXième siècle, pour former la nouvelle châtellenie de Nesle. En effet le célèbre Yves de Nesle possédait ce domaine et, dans son testament de 1157, il laissa à sa veuve Yolande, la terre de Falvy et ses autres possessions au-delà de la Somme, à l’exception de la tour même de Falvy, sans doute propriété domaniale. Les châtelains de Nesle, dits quelquefois de Falvy-Nesle, en furent donc les premiers seigneurs.
Mais dans cette longue confusion des deux domaines, il est bien difficile de distinguer les possesseurs particuliers de celui de cette localité qui semblerait avoir appartenu à la branche collatérale des châtelains de Bruges, après que les cimes de la maison de Nesle furent entrés en possession du Comte de Soissons. Il y aurait eu dès le XIIième siècle, des seigneurs du nom même de Falvy. C’est vers la fin du XIIième seulement, qu’on découvre les seigneurs faisant état de ce titre, comme Simon qui avait un hôtel à Saint Quentin en 1295. et surtout le célèbre Jean III, désigné comme seigneur de Falvy et de Herelle : c’est à lui que les Augustins d’Amiens furent redevables en grande partie de leur établissement dans cette ville ; il leur donna tout le terrain qu’il possédait dans l’un des faubourgs pour y élever leur nouveau monastère.
Il prit part avec son fils à l’expédition de Saint-Louis en Egypte (1290). Par ailleurs plusieurs chevaliers du nom de Falvy sont mentionnés dans le célèbre tournoi de Ham en 1278. Puis la branche de Falvy-Nesle passa dans la maison de Vendeuil et on ne parle plus que des seigneurs de Falvy proprement dits, dont la maison s’éteignit dès le XVIième siècle. Le domaine était entré dans la maison de Vendôme, car (archives d’Ennemain de 1499) « Haut et puissant seigneur Monseigneur de Vendôme, seigneur de Falvy, etc… » avait épousé la pieuse Marie de Luxembourg qui habita longtemps le château de Ham et dut faire construire la chapelle et le cœur de l’église de Falvy. En 1265 et 1287, Monseigneur Jean de Falevi avait son hôtel à Roye et des possessions près du Val Bataille entre Fresoye et Gruny. Dans son dénombrement, déjà cité en 1215, Jean de Nesle désigne au nombre de ses hommes-Liges : Hues de Flavi, Robert et Emerisme Guerasses de Falevi. Pierre de Falvy d’autre part paraît aux Etat Généraux de Compiègne en 1358. C’est vers la fin du XIIIième siècle seulement qu’apparaissent des seigneurs portant le titre de Falvy-Nesle.
Vers cette époque, la branche Falvy-Nesle avait été incorporée dans la célèbre maison de Vendeuil. Une charte de Dugrenier 1324 fait mention de Jean de Fallevy, seigneur du dit-lieu et de Vendeuil. Raoul de Falvy, seigneur de Ribecourt et Lassigny, épouse une fille de Robert de Folleville. Le Père Anselme cite Blanche de Falvy, mariée en 1460 à Philippe d’Humières. La maison de Falvy, éteinte dès le XVIième siècle, portait primitivement sans ses armoiries une fleur de lys entière.
A la fin du Xvième siècle, le domaine de Falvy était donc passé dans la maison de Vendôme.
En 1515, le château était occupé par des Capitaines Gouverneurs et leurs lieutenants. Il y avait Pierre de Cappy, époux de Jeanne d’Assaignant auquel avait succédé Michel d’Y. En 1565, est cité Monsieur de Vallencay comme seigneur de Falvy et du Fief de Renquerolles, situé à Pottes. Charles Bourbon, Comte de Vendôme, son fils possédait encore cette seigneurie en 1514, et en 1567, le procè verbal de l’érection de la coutume de Péronne constate que, dans l’ordre de noblesse, le prince de Navarre (Henri IV, aloes agé de 14 ans) fut représenté par Charles Nepveu, son bailli, à cause de sa terre et seigneurie de Falvy, en la prévôté de Péronne. En 1594, Henri IV vendi à Nicolas d’Armerval, seigneur de Liancourt, la dite terre et la seigneurie de Falvy, consistant en un vieux château avec tous ses droits et dépendances, moyennant douze mille écus d’or, vente convenue et accordée à Amiens, au palais épiscopal, le 20 août 1594.
Dans un titre de 1685, on lit « Pour haut et puissant seigneur Messire Claude de Saint-Simon, etc… Conte et baron de Falvy et autres lieux » ; sa femme, Marie d’Armeval lui avait apportée en dot ce domaine.
En 1734, Messire Claude de Saint-Simon, conseiller aumônier de roi et évêque de Metz, est mentionné comme seigneur de ce bourg.
En 1783, un arrêté avait maintenu la famille de Saint Simon dans la jouissance de ce domaine qui lui avait été engagé avec la terre de Berny en 1594.
En dernier lieu, ce n’est que vers le milieu du XIXième siècle que la famille de Saint Simon a aliéné le reste des biens qu’elle avait encore de Falvy.
1097 : Drogon seigneur de Nesle
1146 : Yves de Soissons
1157 : Yves de Nesle
1175 : Eglise de Prémonté
1200 : Jean I de Falvy-Nesle
1270 : Jehan III de Nesle
1324 : Jean de Vendeuil II
1400 : Famille de Béthune
1435 : Louis de Luxembourg
???? Jean de Bar seigneur de Falvy
1477 : Marie de Luxembourg
François de Bourbon Vendôme
1515 : Famille de Valençay
1566 : Prince de Navarre
1589 : Henri de Navarre – Henri IV
1594 : D’Amerval & Gabrielle d’Estrée
1611 : Isaac – seigneur de Saint Simon
1780 : Balthazar de Saint Simon Rouvroy
1789 : Claude Henri de Saint Simon
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Château fort
En avril 1868, sur l’emplacement de l’un des postes romains dont il a été fait mention aux articles d’Athies et d’Ennemain, à 1 km de cette dernière commune, sur la gauche de la route de Falvy et au bord de l’ancien chemin, on a mis à jour, à environ 50cms de profondeur, 2 vases peu remarquables, contenant quatre mille pièces romaines en bronze, assez bien conservées. La plupart se rapportent aux Empereurs Sévère, Diolétien, Constance, Maximien, Maxence, Constantin, Licinies. Le musée Napoléon d’Amiens possède en outre une tuile romaine de couleur blanchâtre, d’un grain fort délicat et extrêmement rare dans son genre, trouvée précédemment au même endroit, au milieu de débris et ruines antiques.
Substitué au donjon du XIIième siècle, dont les fondations étaient assises sur pilotis, il s’élevait dans la vallée que domine l’église et occupait l’espace qui la sépare de la Somme. Au midi, il était défendu par la rivière et des marais inaccessibles, et au nord par des fossés profonds et des murailles flanquées de tour dans le genre des forteresses de l’époque féodale. Comme tant d’autres, il fut détruit d’après l’ordonnance de Louis XIII en 1629. On ne peu plus aujourd’hui le périmètre de son enceinte primitive. D’une importance secondaire, il eut ses époques historiques. En 1468, le roi d’Angleterre Henri VI logea plusieurs jours au château de Falvy ; c’est de ce lieu qu’est datée la charte d’amnistie qu’il accorda aux habitants de Péronne avec l’oubli de leur conduite envers le Duc de Bourgogne et de sa captivité dans leur château, ce qui ressort de la délibération des échevins de cette ville en date du 4 février 1476, pour la remise de cette place entre les mains du roi après la mort de Charles le Téméraire.
C’est de Falvy que le même monarque adresse aussi des lettres patentes aux bourgeois d’Abbeville, comme on en trouve la preuve aux archives de l’hôtel de ville de cette cité.
Le 24 janvier 1589, les sieurs de Lignery et d’Estourmel, ayant reçu l’ordre de se rendre maître de la campagne dans le Vermandois s’emparent des châteaux de Chaulnes, Falvy, Pargny, Bethencourt et d’autres…
En 1708, relate encore D. Grennier, les armées ennemies passent la Somme à Falvy pour ravager le Santerre.